Les mousses de Brière
Les Mousses de Brière au 17ème et 18ème siècle.
Au 17 et 18ème siècle les hommes étant partis naviguer au cabotage au long cours ou, embarqués sur les navires de guerre du roi, et les îles de Brière ne sont plus peuplées que par des femmes, des enfants et des vieillards qui tentent de survivre.
Les femmes aidées de leurs enfants travaillent le peu de terre qu’offrent les gagneries elles se contentent souvent d’une seule vache et subsistent de la pêche et de l’élevage de volatiles.
Dans ces conditions se débarrasser d’une bouche à nourrir est une véritable aubaine et la paroisse de Montoir de par sa capacité à lever des équipages tant au cabotage qu’au long cours voire au service du roi allait leur fournir cette aubaine en faisant enrôler leurs fils à bord des navires.
Il s’agissait généralement des aînés des familles dotées d’une importante fratrie On les engageait dès 7 – 8 ans– mais le plus souvent dans la tranche d’âge des 12à 16 ans.
Le fait qu’à cette époque les deux tiers des hommes des paroisses de Brière étaient des marins essentiellement de la paroisse de Montoir, ces jeunes étaient formés sur le tas,
L’enfant qui devenait mousse à bord d’un navire était souvent victime d’une « double peine » sociale., il était d’abord victime de la misère locale qui le précipitait hors de son univers familial et social, et ensuite confronté à la promiscuité du navire, un monde d’hommes où l’apprentissage était fait de brutalités
Pour ces enfants, la souffrance naissait tout d’abord de la déchirure de la séparation familiale, pour de très longs mois. Mais, Il y avait également le drame d’être, exposé aux règles rudes et strictes de la vie à bord. L’adieu à l’enfance. Le passage au statut d’adulte se jouait en quelques mois, du quai au pont d’un navire.
Ces enfants sont les l’universels souffre-douleurs du bord.
Sans formation ni préparation à cet environnement hostile il ne savent pas à qui obéir, car tout le monde les commande Les coups pleuvent sur ces malheureux qui ne peuvent satisfaire tout l’équipage en même temps. Ils sont souvent frappés à coups de garcette (fouets faits de cordages), voir en cas d’insoumission, mis aux fers à fond de cale ou pullulent les rats dans des conditions les plus insalubres…
Par contre, il n’en est pas de même sur tous les navires.
ll faut différencier les traitements et conditions qui leur sont appliqués sur les petits caboteurs (lougres, sloops, goélettes ou petits bricks) de celles en vigueur sur les voiliers long-courriers et les navires du roi.
C’est sur les petits navires affectés au cabotage, que les mousses mènent l’existence la plus pénible.
Le capitaine, maître au cabotage ou patron au bornage, est assez souvent un homme rude, souvent inculte qui est arrivé tardivement au commandement. Imbu d’autorité car il a été élevé durement lui-même, et trouve tout naturel que les autres le soient à leur tour.
Si, par surcroît ces capitaines ont l’habitude de boire, leur dureté ne connaît plus de bornes. Sur ces navires, l’équipage est parfois réduit à l’extrême (le capitaine, 2 matelots et le mousse) et on demande à ces enfants un travail d’homme.
L’existence que mènent les marins du cabotage est très pénible.
La veille incessante pour éviter les dangers de la navigation le long des côtes. Les forts coups de vent essuyés en Manche et dans le golfe de Gasconne ou, la seule solution est de se mettre à la cape et être balloté comme un bouchon avant de pouvoir se mettre à l’abri.
Cette existence de misère et de labeur incessant rend ces hommes insensibles et violents.
À bord des caboteurs, la principale fonction des mousses est de faire la cuisine. Sur l’avant du bateau, un petit fourneau, leur permet de préparer les repas de l’équipage Cette fonction de cuisinier ne les exonère pas dans le gros temps d’effectuer les manœuvres. Ils sont amenés à laisser leurs casseroles et marmites pour aller carguer les voiles, mais à leur retour la cuisine a été souvent inondée par des paquets de mer, le fourneau a éteint les casseroles renversées et la nourriture est passée par les dalots (trous d’évacuation percés dans la coque du navire, pour l’écoulement des eaux).
Les hommes d’équipages dont le ventre réclame pitance faute de pouvoir se sustenter passent alors leur colère sur leurs dos.
Las des mauvais traitements subis au cabotage les mousses dès qu’ils le peuvent tentent de réaliser leur rêve, à savoir embarquer à bord des voiliers long-courriers ou des navires du roi.
Ces bâtiments sont commandés des capitaines au long-cours secondés par un véritable état-major (second capitaine- lieutenants- maitre d’armes -bosco),
En dehors des hommes d’équipage et du médecin du bord un cuisinier figure au le rôle d’équipage
Sur ces navires les mousses ne sont plus maltraités.
En dehors de la manœuvre, ils ont pour charge de balayer le pont, de nettoyer les cages à poules, de soigner les bêtes, ainsi que d’apporter à l’équipage, les rations de nourriture qu’ils vont chercher à la cuisine. Sur les navires du Roi pendant les batailles navales ceux-ci servaient de porte cartouches aux canonniers.
Paradoxalement c’est au port lors des escales que leur travail est le plus éprouvant. Comme les mousses ne sont pas autorisés à partir en bordée pour fréquenter les tavernes et se distraire avec les catins, ils participent à l’entretien et à l’avitaillement du navire chargeant les provisions et outils amenés par les shipchandlers (approvisionneurs de navires) Leur journée qui débute à 4 heures du matin et se termine au coucher du soleil est éreintante. Sur ces navires, ce ne sont pas les mauvais traitements qui finalement sont rares, mais la pénibilité des tâches qui usent ces enfants.
Face à ces conditions pénibles tant pour leur physique que pour leur moral nombre d’entre eux préféraient déserter voire rompre leurs contrats (Il faut noter qu’un bon nombre périssaient en mer)Leur retour dans les chaumières était mal vécu. Pour leur famille en dehors de l’humiliation provoqué par celui-ci, on se retrouvait avec une bouche de plus à nourrir
Christian Martin
Professions d'antan : Perceur de
navire et calfat.
Dans l’acte de mariage de l’un de mes grands ancêtres, Georges Célestin De La Bouëre (1866 –...
Sur les mers et océans,un ancêtre du conteneur, le tonneau.
L’exposition temporaire de 2024 du Musée de la marine en bois du Brivet portait le titre Des...
Reconstitution du naufrage du Tacite
Cette reconstitution du naufrage du Tacite tel qu’il aurait pu se passer (Cf précédente lettre...
L'eau à bord des navires
L’eau à bord des navires : Comment avoir de l’eau douce et potable sur les océans avant 1850 ?Le...
De marins à esclaves
Le sort peu enviable de quelques marins de Montoir1702, Denis Leprestre, natif de Montoir, meurt...
1942 : le massacre des apprentis
Le massacre des apprentis des chantiers le 9 novembre 1942En ce lundi 9 novembre 1942, le soleil...