La "101" voyage toujours
L’histoire de la « 101 », une des locomotives du train du Morbihan.
Les vieux Briérons et les vieux Montoirins se souviennent sans doute encore de la « 101 ».
En 1892, le Conseil Général du Morbihan confie à la Compagnie des Chemins de Fer du Morbihan, la réalisation et la construction de 402 kilomètres de voies ferrées à écartement métrique dans le département et 120 dans le département de la Loire-Inférieure, aujourd’hui Loire-Atlantique. A partir de 1907, les lignes La Roche-Bernard- Saint Nazaire entrent en activité avec deux embranchements : un à Méan en direction de Penhoët et un à Trignac, pour desservir le bourg de Montoir de Bretagne. A Herbignac, un embranchement permettait d’aller à Guérande en passant par Piriac sur mer de 1907 à 1930. Une locomotive à vapeur a parcouru ces lignes : la 030 Pinguely N° 101. Elle a été construite à Lyon en 1905 dans les ateliers de Benoist Alexandre Pinguely qui, entre 1881 et 1932, a fabriqué 361 locomotives à vapeur.
Une locomotive chargée d’histoire
Traversant toute la Brière, la fière locomotive à vapeur a permis à ses nombreux habitants de rejoindre quotidiennement leur travail aux Chantiers de Construction Navale de Saint Nazaire. Entre Trignac et Saint Joachim, le train du Morbihan desservait Loncé, village de Montoir de Bretagne dont l’arrêt a été rasé, il y a une dizaine d’années,
Ancien arret du petit train
Le Pin, La Rue et Rozé. Le réseau a été fermé définitivement en 1947. L’ancienne voie entre Saint Malo de Guersac et Saint Nazaire a été aménagée en piste cyclable. La locomotive « 101 » part alors aux Forges de Gueugnon. En 1975, elle arrive sur le réseau du CFBS ( Chemin de Fer de la Baie de Somme), qu’elle parcourt jusqu’en 1996. Après une restauration qui a duré quatre années, dans les ateliers de Saint Valéry-Canal, elle revient sur le réseau.
L’association CFBS, composée de plus de 30 bénévoles, fait voyager sur ces lignes 6 locomotives à vapeur, 7 loco-tracteurs diésel, un autorail et une draisine. Aujourd’hui, elle transporte 200 000 voyageurs par an du Crotoy à Noyelles ( 7,5 km), de Noyelles à Saint Valérie-Port ( 6,5 km) et de Saint Valéry-Ville à Cayeux( 12 km).« Dites bien aux Briérons que nous prenons soin de la « 101 » qui les a transportés au cours du XXe siècle. C’est une belle machine, parfois capricieuse, mais qui voyage toujours sur nos voies ferrées de la Baie de Somme » me précisent les deux bénévoles de la CFBS, de service, un matin de juillet, en gare de Saint Valéry sur Somme.
Une petite chanson
En 2005, j’avais écrit une chanson sur le petit train du Morbihan. Un vieux briéron m’avait dit que pour se souvenir des gares des lieux dits entre Saint Nazaire et Saint Joachim, il avait cette petite phrase mnéo-technique : « Saint Nazaire à lancé (Loncé) le pain (Le Pin) à la rue (La Rue) de Rozé (Rozé), Saint Joachim », ce qui m’a donné les paroles du refrain de ma chanson…..
LE PETIT TRAIN DU MORBIHAN
Semant ses nuages blancs
Juste au dessus des roseaux
Le p’tit train du Morbihan
Passant, fait peur aux oiseaux
Il tortille de gare en gare
En se regardant dans l’eau
Du canal ou les canards
S’amusent de ses cahots
Son sifflet dans le lointain
Sonne l’angélus bien trop tôt
Laisse aux cloches de Saint Joachim
Seulement celui de midi, c’est beau
REFRAIN
Le p’tit train du Morbihan
De Saint Nazaire à Loncé
Le Pin à La Rue de Rozé
Saint Joachim.
Le p’tit train du Morbihan
Ramasse sur son passage
Ceux de Pendille, de Fédrun
Une musette pour factage
Le train les tire de Brière
Pour aller gagner leur pain
A la ville, river le fer
Chaudronniers, mécaniciens
Pauvres hommes de la terre
Il vous déporte le train, afin
D’améliorer l’ordinaire
Dans la poussière et le bruit urbain
Mais le soir le petit train
Fait le chemin à l’envers
Laissant à chaque chemin
Les hommes gagner leurs chaumières
Leurs filets et leurs chalands
Pour visiter leurs bosselles
Quand dans le soleil couchant
S’envolent quelques judelles
Le p’tit train du Morbihan
Suspend ses petits nuages au ciel
Sur la ligne d’horizon
Chante sa dernière ritournelle
CD : Voix de Tourbe et de Sel Ref VDTS0107
Crédit photos : Collection GATM, Nicolas Nivel-Catin, Guy Nicoleau
Bibliographie
- Les Chemins de Fer de la Baie de Somme de Nicolas Nivel-Catin.
- Un chemin de fer d’intérêt local en Loire Inférieure de Jean Pierre Nenni
Sur les mers et océans,un ancêtre du conteneur, le tonneau.
L’exposition temporaire de 2024 du Musée de la marine en bois du Brivet portait le titre Des...
Reconstitution du naufrage du Tacite
Cette reconstitution du naufrage du Tacite tel qu’il aurait pu se passer (Cf précédente lettre...
L'eau à bord des navires
L’eau à bord des navires : Comment avoir de l’eau douce et potable sur les océans avant 1850 ?Le...
Les mousses de Brière
Les Mousses de Brière au 17ème et 18ème siècle.Au 17 et 18ème siècle les hommes étant partis...
De marins à esclaves
Le sort peu enviable de quelques marins de Montoir1702, Denis Leprestre, natif de Montoir, meurt...
1942 : le massacre des apprentis
Le massacre des apprentis des chantiers le 9 novembre 1942En ce lundi 9 novembre 1942, le soleil...