La Compagnie Générale Transatlantique
De la construction des navires en bois à la construction navale en métal.
« La Compagnie Générale Transatlantique » : le rôle des Frères Pereire
A u début du 19ème siècle St Nazaire n’était qu’une bourgade de pécheurs et, c’est sur la commune de Montoir notamment à Méan que se construisaient les navires en bois ( Goélettes, Bricks, Chasses marées ….Etc.).
La décision prise par Napoléon III de construire un port à bassins à flots en 1847 transformera le mode de construction des navires de l’époque
Dans ce changement Emile Pereire (Jacob Rodrigue Émile) né le 3 décembre 1800 à Bordeaux et Isaac Pereire (Isaac Rodrigue) né le 25 Novembre 1806 également à Bordeaux , entrepreneurs et hommes d’affaires français jouèrent un rôle capital.
Proche de l’empereur Napoléon III, ils auront l’autorisation de créer par décret « la Société Générale de Crédit mobilier », Banque rêvée depuis vingt ans par les Pereire. dont le but était de drainer l’épargne vers l’industrie et le commerce .
En 1855, ils créeront la Compagnie Générale Maritime et, ils s’inscriront dans un courant d’industriels français qui à cette époque, se lançaient dans de grandes entreprises.
Le besoin d’une marine marchande française se faisant pressant, la Société Générale de Crédit Mobilier deviendra le principal actionnaire de cette nouvelle compagnie.
La Compagnie Générale Maritime sera officiellement créée le 24 février 1855, avec des statuts qui lui donneront pour but : " Toutes opérations de construction, d’armement et d’affrètement de tous navires et en général toutes opérations de commerce maritime ".
Les débuts de la compagnie seront particulièrement difficiles du fait des difficultés relatives à la mise en place des lignes maritimes . Le capital de celle ci se trouvera de ce fait presque épuisé.
Après cette quasi-faillite, les Péreire comprendront qu’à, l’exemple de la compagnie anglaise « CUNARD’ qu’ils auront tout intérêt à se recentrer sur un service de paquebots financé par des conventions postales.
Napoléon III, séduit par le concept, en proposera un certain nombre sur le marché mais, les frères Péreire les refuseront les jugeant trop faibles. De ce fait, nombre d’armateurs , se retrouveront en difficulté dès 1860.
C’est le moment que choisira Isaac Péreire pour renégocier sa convention avec l’État.
Au travers de cette nouvelle convention, la Compagnie générale maritime s’engagera à desservir pendant vingt ans des lignes transatlantiques : Le Havre – New York (avec escale à Brest), Saint-Nazaire – Isthme de Panama et trois services annexes pour la Guadeloupe, le Mexique et Cayenne. Il faut préciser, qu’à cette époque le transport de passagers et du courrier sont réalisés par les mêmes navires.
Ils s’engageront d’autre part, à construire au moins la moitié de leur flotte en France.
En contrepartie de ces engagements, l’État leur versera, une conséquente subvention annuelle.
En 1861, un décret impérial changera le nom de la Compagnie Générale Maritime en » Compagnie Générale Transatlantique, aux fins de mieux coller aux nouvelles orientations. Ce sera le début de la grande épopée de « La Transat »
La construction des premiers navires (au nombre de 6 ) débutera à l’étranger, notamment avec le Washington, premier paquebot de la ligne de New York car les prix pratiqués, étaient moins élevés que ceux pratiqués par les chantiers Français.
Fort de ce constat, les frères Péreire prendront donc la décision d’acquérir des terrains à Saint- Nazaire pour y fonder les Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire (qui deviendront par la suite les Chantiers de Penhoët).
Le démarrage de l’activité, se fera avec le concours des ingénieurs des chantiers écossais de John Scott qui fourniront leur expertise aux ouvriers et architectes navals français.
A cette époque, les chantiers ne construiront que les coques des navires. Les machines étaient elles achetées au Creusot.
C’est ainsi que prendra la fin de la construction des navires en bois des chantiers du Brivet. Mais ,la main d’œuvre Briéronne Charpentiers, Calfateurs se reconvertira et prendra la direction des chantiers et ateliers de Saint Nazaire passant du bois au métal.
En 1862, deux ans avant la date prévue, le paquebot Louisiane inaugurera la ligne vers le Mexique, saluant ainsi la première réussite de la « CGT ». Cette ligne était particulièrement attendue par le pouvoir, dans le cadre de l’intervention militaire Française au Mexique.
Le départ du Louisiane de Saint Nazaire
En 1864, ce sera au tour du service postal à destination de New York d’être inauguré avec le Washington, puis, ensuite avec, le France (premier du nom) et ensuite l’Impératrice Eugénie.
Ces navires, d’une centaine de mètres de longs étaient équipés de roues à aubes. Trois ans plus tard, ils seront modifiés pour adopter une propulsion à hélices réduisant de ce fait la consommation de charbon (combustible utilisé à l’époque).
L’impératrice Eugénie (dont une maquette se trouve au musée de la marine en bois à Montoir)
En 1867, une gare ferroviaire monumentale sera construite à proximité des quais où seront amarrés les paquebots (l’actuel quai Péreire). Saint-Nazaire deviendra alors le port français de l’Atlantique le plus proche de Paris pour les passagers
Par la suite ,les Frères Péreire réaliseront de nombreuses opérations immobilières, avec la création de la Société immobilière. en participeront à la modernisation de Paris engagée par le préfet Haussmann ( une des grandes réussites du second empire)
De 1862 à 1973, 483 navires paquebots et cargos, ont arboré le pavillon rouge de la Compagnie Générale Transatlantique sur toutes les mers du monde.
Epilogue
Le 23 février 1977, l’état qui était aussi l’actionnaire de la Cie des Messageries Maritimes qui elle desservait l’Orient et l’Asie fusionnera celle ci avec la Compagnie Générale Transatlantique, les incorporant dans la Compagnie Générale Maritime qui avait été créée par décret en décembre 1973 et qui restait une coquille vide.
La CGM était sur les rails.
Les couts de la main d’œuvre portuaire qui chargeaient et déchargeaient les cargos transportant les marchandises diverses étant très élevés, la compagnie fit évoluer sa flotte remplaçant ceux ci par des navires rouliers et porte-conteneurs.
Ces navires nécessitaient l’utilisation moins de main d’œuvre et les temps d’escales était plus que réduits, ce qui assurait de ce fait une meilleure rentabilité .
Malgré cela, en 1996, le Président Chirac désengagera l’état et cédera pour une somme dérisoire la CGM « Compagnie Générale Maritime » à l’armateur Libanais Jacques Saadé installé à Marseille qui la fusionnera avec la Compagnie Maritime d’Affrètement, dont il était le propriétaire.
La nouvelle entité qui prendra le nom de CMA-CGM, deviendra au fil des années l’une des plus grandes entreprises mondiales de transport de fret par voie maritime se hissant au rang de troisième armateur mondial.
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